Scipia

« Foule haineuse », la « négation de la France » dixit notre très cher Président, un Premier Ministre qui ne promet que répression et lois liberticides contre la liberté de manifestation (et ce sans l’intervention de juges).
Notre pseudo-philosophe national, BHL, qui a visiblement oublié d’ouvrir un livre d’histoire qui parle de « Nuit des petits couteaux » pour une malheureuse porte défoncée par un « engin de chantier » (dixit nos grands médias qui ne savent visiblement pas non plus ce qu’est un chantier), un simple transpalette.
Luc Ferry qui recommande de tirer à balle réelle, après tout « on a la 4e armée du monde » parait-il, c’est vrai, pourquoi ne pas l’utiliser contre cette « foule haineuse », tuons cette vile plèbe qui ose, l’imprudente, s’insurger.
Ah et puis Aphatie, Aphatie … n’en parlons pas plus, son nom, déjà bien apathique, est devenu synonyme de sombre abruti depuis bien des années déjà.

Et pendant ce temps-là, pas un mot sur les morts, les blessés graves, BFM qui s’indigne des attaques à son encontre, en oubliant qu’ils passent leurs samedis à diffuser en boucle les mêmes images de feu. Les mêmes images tronquées également, de trois policiers à moto qui se feraient lynchés, en oubliant qu’avant l’intervention de ces derniers la manifestation était calme (bah oui, c’est con, la vidéo complète non-tronquée est disponible sur le net).
Pas vraiment d’inquiétudes non plus vis-à-vis des habituelles destructions de véhicules la nuit de la Saint Sylvestre, bien plus nombreuses, c’est simplement de la TRA-DI-TION, rien à voir avec ces sauvages de gilets jaunes.
Que dire sur les grandes indignations contre une malheureuse cagnotte en faveur de la famille du boxeur Christophe Dettinger, des appels à rechercher à savoir qui seraient ses « complices » par l’argent. On n’apprend qu’aujourd’hui dans la presse que la fureur de ce dernier faisait suite à l’agression d’une jeune femme par ces mêmes policiers…
Les mêmes demandes à tout opposant au gouvernement « mais vous condamnez les violences », quand il n’y a pas la moindre réciproque pour les membres du gouvernement vis-à-vis de la violence employée contre le Peuple.

Que dire de ce fameux commandant de police violent à Toulon, défendu par de nombreux marcheurs, et dont on a bien vite appris qu’il avait fait l’objet de signalement par ses collègues, ses subordonnées pour ses actes de violence. Mais naturellement, comme partout dans la Fonction Publique, les cadres lavent leur linge sale en privé, pas de sanctions, on déplace parfois, comme pour mettre la poussière sous le tapis.
Et encore, on apprend tout cela car il y a des images. Que dire de toutes les violences de l’Etat où il n’y a pas d’images ? On peut comprendre que certains policiers craquent, bien qu’il y en ait sans doute certains, comme le commandant Didier Andrieux qui sont naturellement prompts à la matraque, mais la faute à qui ?
Qui demande autant de répression ? Qui fait la sourde oreille sur des revendications sociales depuis son élection ? Qui a sciemment lutté contre tous les corps intermédiaires pour tuer le peu de démocratie sociale que nous avions ? Qui passe son temps à écraser le Peuple de son mépris de classe et de caste ? Qui écrase les classes moyennes et populaires, tout en soulageant les plus riches ?

Et que dire de ses soutiens, ah les marcheurs. Des gens qui nous parlent d’écologie, en taxant les plus pauvres, qui n’ont pas d’autres moyens que leur véhicule pour aller travailler (bah oui, tout le monde n’a pas les moyens de vivre au centre d’une métropole dotée de transports en commun) ET EN MEME TEMPS ne se gêne pas le moindre du monde pour prendre des vacances à l’autre bout de la planète sans payer la moindre taxe kérosène.
Des gens très propres sur eux, progressistes, humanistes, ouverts d’esprit et ouverts sur le monde, de la mondialisation heureuse et hostile au moindre amalgame dès lors qu’il s’agit de lutter contre la discrimination contre les personnes fluides non-binaires, d’origine martienne et de confession jupiterienne ET EN MEME TEMPS qui ne se gêne pas pour clamer que le moindre pet de travers d’un gilet jaune implique que l’ensemble du mouvement schlingue tout de même. C’est vrai quoi, un raciste sur un rond-point, et un homophobe sur les champs Elysées, et c’est tout le mouvement qu’il faut jeter. C’est pas comme notre cher Gégé qui n’a rien à se reprocher avec ses callgirls.
Ces gens qui sont certainement très cultivés, tous diplômés qu’ils sont, avec certainement de longues études ET EN MËME TEMPS qui peuvent sortir des propos de comptoir digne d’un poivrot lepéniste dès lors qu’on parle de la plèbe, cette engeance inculte et informe, si ce n’est difforme selon eux.

C’est aussi, et surtout, grâce à eux, qui ont appelé en 2017, dès le premier tour, à voter en masse pour le sauveur de la démocratie qu’était Emmanuel Macron, pour faire barrage aux terrribles hordes des populismes nous rappelant les z’heures les plus sombres de notre histoire.
C’est grâce à eux qu’aujourd’hui que la police à ordre de gazer et de provoquer les manifestants, pour provoquer de la casse.
C’est grâce à eux que les fondements de notre démocratie sont menacés. Non pas parce que quelques gilets jaunes ont pris un transpalette pour foncer dans une porte, car si la République est menacée pour ça, c’est qu’elle est bien fragile. Mais parce qu’aujourd’hui le Gouvernement veut ficher l’opposition. Lui interdire la liberté de manifester. Et ce sans même l’intervention d’un juge pour mettre en place ces condamnations.

On nous a sommés hier de voter Macron pour empêcher les attaques contre la démocratie, et aujourd’hui on se retrouver avec Macron ET ces mêmes attaques contre la démocratie…

Mais ce n’est pas grave, vous condamnez la violence n’est-ce pas ?